Kazimierz Dabrowski (1902-1980), est un psychiatre et psychologue polonais, qui a publié en 1964 un livre intitulé La Désintégration positive, dans lequel il a développé une théorie subjective du développement de la personnalité, non étayée par les neurosciences, ni mesurée par des tests psychométriques. Une théorie n’étant pas une vérité absolue ni un dogme indiscutable, la théorie de désintégration positive s’oppose au mainstream en psychologie, qui considère l’absence de symptômes comme un signe de santé mentale. Voulez-vous savoir où vous en êtes selon cette théorie ?
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Qu’est-ce que la désintégration positive ?
Pour Dabrowski, la santé mentale, c’est l’aptitude à de développer positivement grâce au processus de désintégration positive : l’être en cours de développement passera indubitablement par des périodes de crises existentielles et de grandes souffrances, ce qui l’amènera à questionner ses choix & les valeurs héritées de sa lignée, de son éducation et de la société dans laquelle il évolue. Ces phases de tension, de fragilité, &, parfois, de danger sont nécessaires au développement d’individus authentiques.
Selon la théorie de Dąbrowski, l’intégration sociale, le calme, la tolérance élevée à une vie frustrante, une société injuste & les capacités d’adaptation ne sont pas des signes de santé mentale.
Le développement selon Dabrowski est-il accessible à tous ?
Selon Dabrowski, chacun dispose d’un potentiel de développement inné plus ou moins important, ce qui expliquerait que certaines personnes ne le commencent même pas. Trois critères déterminent ce potentiel :
Les 5 surexcitabilités (en fait 5 types d'intelligence) : l’aspect intellectuel, la surexcitabilité imaginative, la surexcitabilité émotionnelle, la surexcitabilité sensorielle, & la surexcitabilité psycho-motrice. Issus de ces surexcitabilités, il y a ce qu’on appelle les dynamismes. Les surexcitabilités sont à l’origine d’une plus forte sensibilité, une réaction plus intense, un plus grand plaisir à certains stimuli,
Les talents & capacités individuels,
Une motivation plus ou moins forte qui tend vers l’autonomie & l’affirmation de soi (donc une personnalité encline à la prise de risque plutôt qu’à la tranquillité).
Quels sont les différents niveaux de la désintégration positive ?
La théorie de la désintégration positive comporte cinq niveaux de développement. Le passage de l’un à l’autre est toujours accompagné d’une période d’instabilité & de crise personnelle, ou bien d’un effort important & conscient de la part de l’individu (particulièrement pour les derniers niveaux). Le premier et le dernier niveaux sont des étapes d’intégration, tandis que les niveaux intermédiaires sont des étapes de désintégration.
Dabrowski reconnaît que les seuils de son modèle ne sont pas toujours bien tranchés : il est possible d'être à cheval entre deux étapes, ou à différents niveaux selon les domaines de l'existence concernés (le domaine professionnel & le domaine amoureux par exemple). Des allers-retours sont également possibles, particulièrement dans les premiers niveaux.
Le niveau 1, l'intégration primaire
L’intégration primaire concerne une majorité de la population. Elle est influencée par le premier facteur, à savoir les pulsions & les instincts individuels (faim, désir…) tout comme par le second facteur, à savoir l’environnement social & ses valeurs (respect des lois, idéologie dominante…).
À ce stade, les comportements des individus sont teintés par un mix d’égoïsme et de conformisme. Soucieux à la fois de leur satisfaction individuelle & de l’opinion des autres, ils se situent dans un équilibre existentiel relatif qui peut être bousculé à certains tournants de la vie comme l'adolescence, avant de retourner à la stabilité.
L'état d’intégration primaire se caractérise par une forme de stabilité &, si les valeurs dominantes sont positives, par des comportements prosociaux. Mais s’il vit dans une société où règne une forte injustice, en situation d'intégration primaire, l’individu ne se révoltera pas ni ne cherchera à changer le système.
Le niveau 2, la désintégration à niveau unique (ou désintégration horizontale)
Ce niveau se caractérise par des crises brèves et intenses à des moments clefs de la vie. L’anxiété, la frustration, la dépression peuvent alors frapper, et l'individu peut sembler perdre son équilibre psychique. Cette crise, qui porte sur les valeurs et les choix de vie, peut être provoquée par un événement marquant comme un deuil, un bouleversement professionnel…
A ce niveau, soit l'individu ne voit pas de solution apparente, soit les différents choix lui paraissent qualitativement équivalents. Cette perte de repères & cette sensation de mal-être sans issue visible peuvent être déstabilisantes & dangereuses. Ce niveau est transitoire & peut se résoudre de trois façons :
L’individu retrouve une position de stabilité en retombant au niveau de l’intégration primaire. Ce qui semblait conflictuel perd de son importance ou est résolu.
Si l’issue est négative & que l’individu ne parvient pas à résoudre le conflit, il peut développer des psychoses ou se suicider. Dans ce cas, le niveau de vigilance doit être élevé.
Si le potentiel de développement est suffisant et que l’individu bénéficie de conditions favorables, il peut évoluer jusqu’au niveau 3.
Le niveau 3, la désintégration à niveaux multiples spontanée
À ce niveau, une hiérarchie de valeur apparaît instantanément entre les différents choix qui s’offrent à l’individu. Il perçoit que certaines options sont plus authentiques que d'autres, plus adaptées à ses aspirations et à ses valeurs profondes.
Avec cette hiérarchie, commence à se structurer un moi idéal & un conflit interne entre le moi idéal et la version réelle du moi. Si l’individu manque de l’énergie et de la volonté nécessaires pour évoluer, il stagne dans une forme de déséquilibre existentiel.
Le niveau 4, la désintégration à niveaux multiples organisée
Cette étape correspond à une décision volontaire, consciente & systématique de réexamen de ses choix de vie et de ses valeurs. Chaque élément analysé peut être accepté, rejeté, faire l’objet d’un changement, par exemple une réorientation professionnelle ou de nouvelles habitudes de consommation.
Puisque l'individu a le contrôle sur ses décisions, ce niveau implique une diminution des conflits internes, mais certains choix peuvent tout de même s'avérer difficiles, anxiogènes, ou résulter d’erreurs d’analyse ou de jugement.
Le niveau 5, l'intégration secondaire
Les individus qui atteignent ce niveau ont une personnalité authentique & cohérente. Leur existence entière est basée sur un ensemble de choix personnels et réfléchis. Équilibrés et libérés de tout conflit intérieur, ils sont indifférents au jugement des autres. On dit qu'ils sont intégrés.
Ces individus sont très rares selon Dabrowski, et ils se distingueraient souvent par une contribution créative & constructive à la société. Affranchis des conventions, ils seraient capables de proposer des approches originales, & d’inspirer les autres à mener une vie meilleure. En général, ce sont des personnes comme Mère Teresa, Saint-Exupéry, ou Eléonore Roosevelt.
Conclusion
Dabrowski a élaboré sa théorie essentiellement dans les années 70, sans y attacher de jugement de valeur, ce qui est intéressant. À la base, ce n’était pas pour parler de la douance, mais sa théorie a ensuite été adoptée pour l’accompagnement des HP (personnes à Haut Potentiel) aux États-Unis & au Canada. Car même si elle es controversée, la théorie de Dabrowski offre une interprétation originale du décalage et des crises vécus par de nombreux HP.
Si les phases de crise & de conflits, sont considérés comme des passages normaux & nécessaires, il est important de les appréhender & d’accompagner les personnes qui les traversent en les aidant à sortir de la crise par le haut, plutôt que de les forcer à réintégrer un cadre qui ne leur convient pas.
De plus, l'authenticité & l'originalité ne se trouvent pas du jour au lendemain, & leur quête reste incertaine. Mais au cours de notre évolution, on va de plus en plus manifester les valeurs que nous portons au fond de nous-même. En d'autres termes, on va s'aligner par rapport à nos valeurs.
Laetitia
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